[Privé] Douces retrouvailles

Le froid était perçant, chaque minuscule partie de peau exposée était brûlée par ce caprice de l'hiver naissant. Impulsive, la jeune femme n'avait pu s'empêcher de suivre une idée folle. Sans réfléchir une seule seconde Héléna était sortie du lit avec rapidité et détermination. Elle avait attrapé ses habits les plus chauds dans un élan de conscience. Elle ne se souvenait à peine du chemin qui l'avait  menée là. Ses pensées étaient on ne peut plus vide, ses souvenirs bouillonnaient dans sa poitrine. Son cœur se serrait, l'impatience et la peur devenaient brûlantes.

Qu'elle folie peut nous mener à sortir en nuit de pleine lune pour partir se perdre dans un endroit aussi sombre et dangereux. Mais Héléna avait un but qui l'obsédait, le sommeil l'ignorait et sans raison, sa mémoire, elle, s'amusait. C'était comme à travers une photo vieillie par le temps, que la Thomas se souvint de l'endroit.
Avec prudence et douceur, Héléna entreprit sa marche. La première fois il lui avait fallu se perdre et s'endormir pour trouver l'Endroit. De nombreux bruits provenaient du fin-fond de la Forêt, et l'imagination enfantine de la jeune femme s'inventait différents monstres de contes moldus.

Comme pour se rassurer sa main glissa lentement vers la poche de son manteau blanc, et s'accrocha sur la baguette d'Abricotier. Les arbres eux-mêmes devaient rire de la recherche folle qu'entreprenait la jeune Poufsouffle. Même le vent demeurait absent en ce lieu, seul un froid qui pénètre chaque pores de votre peau restait bien présent.
Le temps semblait lui aussi s'être arrêté, Héléna marchait, marchait, marchait..
Chaque craquement de brindilles accélérait sa respiration et son rythme cardiaque. Dans cette forêt la lune pourtant pleine semblait absente. Le noir était partout autour d'Héléna. Poussée par cette peur, cette impatience, ainsi qu'un immense ensemble d'émotions que provoquait ses souvenirs : elle se mit à courir.
Un minuscule point de lumière l'attira, elle ne pu que courir encore plus vite.

Sa course se stoppa nette, sa respiration s'éteignit, et son cœur perdit le contrôle de ses battements.
Elle y était ! La chance était à l'instant même sa plus grande amie. Comment avoir cru, qu'elle aurait pu revenir ici.

Tout était semblable. Les arbres, majestueux, formaient un cercle et semblaient se réunir sous la lune, lumière éclairant ce lieu magique. Puis le silence. Il avait élu domicile ici. Une légère brise vint caresser la joue d'Héléna, qui avança timidement, avec un respect presque divin pour l'Endroit. Un rochet présidait le grand cercle, et derrière lui, la marre, miroir du ciel et de la lune trônait à la place du chœur. Héléna décida de revenir ici, comme la première fois : pieds nus. Elle s'accroupit pour ôter ses bottes beiges. D'une marche que l'on ne peut pouvait imaginer plus lente, ou plus douce, Héléna alla s'asseoir sur le rochet. A sa grande surprise, l'herbe n'était pas humide, juste fraîche, comme un tapis sur lequel l'on aimerait dormir.

Assise sur ce rochet, Héléna Thomas rejeta sa chevelure couleur flamme en arrière, ferma les yeux, et prit une très grande inspiration. Un détail détruit son bonheur naissant, la dernière fois que l'anglaise était venue ici, elle n'était pas seule. L'image du visage angélique et des cheveux dors de sa rencontre lui revient soudainement. Il manquait là un élément au tableau. Son regard d'azur se fixa sur la lune, et dans un souffle, comme un appel, elle murmura :

- Patty..

Ce murmure était là comme un appel à la lune, en quoi cet astre ferait-il réapparaître sa tendre amie ? Le temps lui avait arraché ce rêve, car oui, cette rencontre avait le même gout qu'un rêve que l'on croit vrai. Héléna se découragea, s'était en enfant que la jeune femme avait agit. Elle tenta de se persuader de retourner dans la chaleur de ses draps.

Son esprit lui jouai des tours, elle cru percevoir une voix l'appelant, prenant la tête entre ses mains c'est la peur de l'Endroit qui la paralysait. Cependant Héléna cru avoir entendu cette voix, comme quelque chose de réel, bien plus même que le léger clapotis de l'eau derrière elle. D'un geste brusque, elle se releva, avançant lentement, elle cru apercevoir une silhouette sombre entre deux arbres. Une fois de plus la peur ne pu que la saisir de part en part.
Mais quelque chose brillait sous la lumière de la lune. Une boucle dorée se dessinait dans la pénombre, comme une lueur d'espoir qui sortait des ténèbres.

Et cette fois, la jeune femme courut. Oui, Héléna avait reconnu son amie, aucune autre femme ne pouvait posséder de tels cheveux. L'impact fut dur, mais Héléna serra très fort Patty dans ses bras. Ses bras qui refusaient de défaire leur étreinte. Ce geste de bonheur dura plusieurs longues minutes, où la Thomas cru encore rêver. L'émotion était si forte, une larme prit source à ses yeux pour finir sur le manteau de la jeune Ghe'z.  

A contre cœur, elle arracha ses bras à l'étreinte qu'ils semblaient aimer. Tête baissée, la Poufsouffle eu honte. Si son amie n'avait là aucune envie de la revoir ? Un an, c'est un lapse de temps assez long malgré tout. La joie de la revoir l'avait emportée. Ne pouvant lutter contre l'envie de voir son visage, Héléna releva ses yeux brillant, encore pleins de larmes et planta son regard azur sur le visage de Patty. D'une main elle dégagea ses mèches rousses cachant le sien, et remonta son manteau sur sa gorge. Son esprit bouillonnait. Autant de questions, de souvenirs, et d'émotions assaillaient la jeune femme. La Thomas ne pu que resté là, plantée devant son amie. Amie qu'elle trouvait différente, les deux jeunes femmes avaient grandit, vieillit.

Patty gardait cette même silhouette, Héléna ne sut à peine distinguer son visage, elle retint sa main qui voulait enlevé la capuche lui cachant un visage qu'elle se souvenait comme très beau.

- Patty, je.. Pardon de.. Patty..

C'était là les seuls mots qu'Héléna réussit à balbutier, encore sous le choc, honteuse d'avoir tant d'émotions à déverser.

Un sourire lui déforma le visage, heureuse malgré toutes les émotions, de revoir cette douce connaissance.
Héléna attendait avec impatience une réaction, une réponse de Patty. Mais cette réponse que lui donna son amie lui fit l'effet d'un poignard que l'en enfonce lentement dans sa poitrine, droit sur le petit cœur qui rata un battement. Héléna resta interdite devant son amie.

- Pardon, je ne voulais pas que mon geste..

Partir ? Partir en courant ? Mais quelle était cette étrangère ? L'ancienne Patty aurait rit, l'aurait serré de plus belle dans ses bras. Pourquoi cette jeune femme affectait-elle autant Héléna? Après réflexion ce n'était que la rencontre d'un soir.
Cependant la déchirure était si forte qu'Héléna porta une main à son cœur, et un sanglot qu'elle ne pu étouffer éclata.  

- Pourquoi Patty ? Pourquoi ?

Ce fut là une certaine colère qui l'habita, Héléna s'étonnait de ce bouleversement que causait la jeune Ghe'z. Un pas en arrière, un second sanglot, et sa main ne pu résister.  La Thomas ôta la capuche qui cachait le visage de son amie, et la Thomas laissa échapper un petit cri de surprise. Son regard d'azur se troubla d'horreur. Une longue cicatrice défigurait le visage d'ange de on amie, très vite ses yeux trahirent sa pensée. Ce n'était plus de l'horreur, mais de la compassion. Toujours méfiante car blessée par les mots si durs de Patty, la rousse refit un pas en avant. Dans un geste particulièrement lent, et avec une douceur amicale, Héléna porta ses doigts glacés sur la grande balafre. D'une voix presque inaudible, légère comme la brise qui soufflait, elle murmura :

-C'est ça n'est ce pas ?

Qu'importe le mal qui habitait Patty, la jeune femme voulait lui enlever, pour retrouver celle qu'elle avait perdue.

Après une année sans aucun contact social, sans aucun échange amical ou même sans aucune interaction avec le monde, cette situation la dépassait complètement. Comment lui faire comprendre qu'elle devait absolument prendre la poudre d'escampette, sans la blesser. Cette amitié si fragile ne représentait pas seulement qu'une trace de son passé - si joyeux et si bienveillant. C'était bien plus cela, c'était son humanité qui se jouait. La fuir, la laisser tomber ou encore se montrer cruel révélerait son côté bestial; celui qui avait tendance à prendre le contrôle bien plus souvent que sa personnalité enjoué. Mais une vérité la frappa en quelques secondes : depuis sa Transformation plus rien n'était pareil. Et plus rien ne le sera. C'est la voix de son amie qui la tira une nouvelle fois de ses pensées. Que faire ? Réfléchir et surtout agir, très vite. Un élancement la prit, lui coupant le souffle. Son pouls commençait d'ores et déjà à s'accélérer, comme conscient de la métamorphose à venir...

- Non s'il te plaît...

L'Auror refusait qu'Héléna ne puisse lui en vouloir. Voir son doux visage prendre un air chagriné la rendit mal à l'aise, pis encore : triste. Voilà un sentiment qu'elle connaissait par coeur, en plus de la solitude et de la lassitude. Elle déglutit, ne sachant que dire ni que faire pour tenter de la réconforter. C'est son manque étonnant de réactivité en cet instant qui l'empêcha de freiner le geste de la Thomas. Celle-ci se dirigeait vers son capuchon, avec la ferme intention de le lui enlever. Ni sa main, ni sa baguette ne vint la stopper. Comme si tout son être désirait être mis à découverts, alors que cette dernière année il s'agissait plutôt de se fondre dans l'obscurité en tentant de ne pas se faire remarquer. Les regards gênés, les grimaces de dégoût faisaient partit de son quotidien; ils étaient devenus invisibles à ses yeux et l'habitude de se voiler la face devint essentiel. Histoire de se faire oublier, le plus possible. Les doigts gelés d'Héléna lui arracha un profond soupir, il était désormais impossible de faire marche arrière désormais.

- Oui c'est ça... Souffla t-elle en un murmure léger.

Autour des deux jeunes le temps semblait s'être suspendu. Mère Nature s'était tue. Plus aucun oiseau ne chantait, le vent restait calme et même la surface de l'eau paraissait aussi immobile qu'un miroir... Le coeur de Patty battait férocement, la bête trépignait d'impatience. Potion prise, une fois la transformation effectuée, la créature ne serait pas dangereuse. Au contraire, toute sa lucidité resterait et elle serait inoffensive qu'un nouveau-né. Avec quelques poils et des crocs en plus.

- Tu dois partir, je refuse que tu vois quoique ce soit... S'il te plaît...